Emeline, étudiante en Bachelor fashion Business s’est entretenu avec Sara, diplômée MOD’SPE (Promotion 2017) et créatrice de la marque de beachwear Seasters. Sara nous raconte les différentes étapes de son parcours depuis ses études à MOD’SPE jusqu’à la création d’une marque.
Q1 : Pouvez-vous vous présenter ?
Je m’appelle Sara et j’ai 28 ans. Depuis très jeune, je suis passionnée par la mode. Aujourd’hui je rêve que toute femme de toute morphologie ou ethnie possible puisse avoir accès à des pièces tendances et écoresponsables de qualité, et je travaille dur pour cela.
J’ai réalisé l’intégralité de mes études supérieures à MOD’SPE sur le campus de Paris. J’ai fait, il y a quelques années, un parcours de 4 ans pour obtenir un diplôme de Chef de produit mode. Mes matières préférées étaient l’infographie, qui m’a permis de découvrir ma passion pour le graphisme, le cours de tendance mode, les cours de collectionning et l’anglais.
Pendant ces premières années j’ai effectué plusieurs stages : deux en tant que vendeuse, l’un dans une friperie et l’autre chez Ripcurl, une marque de surf. L’année suivante, j’ai effectué un stage chez Calipige, une marque de maillot de bain qui se lançait sur le marché. J’ai accompagné les projets sur la partie graphique, le lookbook, le dossier de presse, le communiqué de presse et sur le développement de collection. Les créatrices ont d’ailleurs lancé l’un des modèles que j’ai créé ! Quelle fierté !
Ensuite, j’ai effectué un stage chez Charles Jourdan, une maison de chaussures qui avait pour but de relancer la marque sur un positionnement luxe à l’international. Lors de ce stage, j’ai écrit le dossier de présentation du projet destiné aux investisseurs. Enfin, j’ai effectué un stage chez Carel, une marque de chaussures. Cela a tellement été un coup de cœur ! J’y ai poursuivi mes études en MBA en alternance jusqu’à obtention d’un CDI.
Q2 : Que vous a apporté votre parcours chez MOD’SPE ?
Pour être honnête, si je n’avais pas effectué mes études à MOD’SPE, je n’aurais pas pu gérer la création d’une marque comme je l’ai fait. L’école MOD’SPE m’a appris à être polyvalente, une compétence qui me permet aujourd’hui d’avancer dans mes projets ! L’école nous a tout appris : le marketing et la communication de mode, les bases de la couture, la comptabilité, etc… J’ai été préparée à me lancer dans la création d’une marque.
J’ai adoré le fait que les intervenants soient aussi de vrais professionnels du secteur, des acteurs dans le monde de la mode et des vrais mentors. Ils avaient une vraie vision du travail dans le secteur de la mode, un vrai « savoir-faire ». De plus, nous avions une certaine proximité avec les professeurs, nous pouvions facilement échanger avec eux. Au cours de mes études, j’ai eu plusieurs expériences professionnelles qui m’ont permis de me rendre compte de ce que je voulais vraiment faire au quotidien. Mêler la théorie de l’école et la pratique de l’entreprise est l’idéal pour apprendre. C’est l’un des avantages de l’alternance.
Q3 : En quoi consiste votre marque et quelles sont ses spécificités ?
Seasters est une marque totalement écoresponsable, qui met en lumière le body positive. J’ai fabriqué mes propres tailles, représentées par des émojis afin de déconstruire le système de taille actuel qui s’avère discriminant. Je voulais faire une marque super inclusive, notamment au niveau des tailles. C’est pour cette raison que je propose aujourd’hui 11 tailles !
Après avoir fait mes études à MOD’SPE et eu quelques expériences dans ce milieu, j’ai décidé de me lancer dans la création d’une marque beachwear : Seasters en 2021. J’ai fait appel à une modéliste pour monter une collection. J’ai voulu tout faire très rapidement et lancer la collection au plus vite. Une seule usine a accepté de produire ma mini-collection. J’ai pris des risques avec ce processus, et malheureusement l’usine m’a annoncée qu’elle ne pouvait pas fabriquer ma collection pour la date prévue. Cela a été mon dernier contact avec une usine concernant ce projet. Je me suis donc lancée totalement seule : je conçois et fabrique mes pièces moi même, du premier croquis à la pièce finale.
Q4 : Quel regard portez-vous sur l’industrie et le secteur de la mode en général ?
L’industrie de la mode n’est pas assez inclusive en ce qui concerne les grandes tailles, c’est très problématique.
J’ai commencé à fabriquer mes pièces seules. J’ai donc du faire des tableaux de mesure. Tout est très bien expliqué jusqu’au L, mais après cette taille, c’est une zone d’ombre, personne ne sait vraiment. Les grandes tailles sont plus compliquées à appréhender car les corps diffèrent les uns des autres, et cela coûte plus cher. Les usines ont les ressources pour le faire mais ne le font pas.
J’ai remarqué qu’un grand nombre de femmes est complexé par sa taille. Le résultat de ce système de taille : une personne qui se sent mal et qui perd confiance en elle. Chaque corps est parfait, c’est à nous, acteurs de l’industrie de s’adapter aux corps.
C’est pour cette raison que j’ai décidé de proposer plusieurs tailles plus larges et surtout de transformer le système de taille standard par des émojis super mignons. L’objectif est de dédiaboliser le système de taille.
Je pense aussi que l’écoresponsabilité est inévitable. Je ne peux plus concevoir de créer une marque sans prendre soin de notre planète. Tous mes tissus sont faits à partir de fibres bio-certifiés ou à partir de fibres recyclées. Je fabrique mes produits à la main et à la commande.
Q5 : Quels conseils donneriez-vous aux talents et étudiants qui souhaiteraient créer leur propre marque ?
Tout d’abord, ne pas se précipiter ! Pour éviter de faire les mêmes erreurs que moi ! Il faut prendre son temps, faire une étude de marché, connaitre sa cible par cœur et prendre le temps pour sortir sa première collection. Il faut également savoir prendre des risques. Rien ne sera jamais parfait, il faut se lancer. Avoir des objectifs précis et atteignables, c’est super satisfaisant quand on réussit. C’est aussi plus facile de s’organiser de cette façon.
Et le plus important : être passionné.e. Créer sa marque requière énormément de travail et de sueur. Sans la passion, c’est quasiment impossible.