La première édition des Rencontres de la Mode a eu lieu en novembre 2022 dans l’élégant décor de la Chambre de Commerce de Paris. L’évènement a réuni 10 experts sur le thème de la mode écoresponsable. Alors que la COP27 a pris fin dimanche 20 novembre, l’éco-responsabilité est au cœur de tous les débats et particulièrement ceux de cette première édition qui a rassemblé leaders d’entreprises et créateurs de marques éthiques.
3 grandes problématiques ont été abordées :
- Transformation
- Production et fabrication
- Gestion de la destruction
Comment transformer ?
Les acteurs du secteur de la mode font face à de nouveaux enjeux pour intégrer dans les process de fabrication des matières premières réutilisables ou éco-conçues. La santé de notre planète passe par la prise en compte de ce paramètre pour les dirigeants et les institutionnels dans leur stratégie de développement. Certaines marques se sont créés sur le ce prisme en affirmant des valeurs fortes à chaque étape du développement produit.
Upcycling
“Avoir un bout du Concorde dans sa salle de bain, c’est possible.” La maison de création Bilum revalorise les matières oubliées. Au-delà du simple up-cycling de matières, Bilum crée des articles uniques à partir de matières rares et atypiques. Trousses de toilette en treillis de pompier, uniformes de gendarmes, tissus du Concorde, housses de coussins en airbags et parapluies en bâche de montgolfière : Bilum fait perdurer les matières et leur histoire.
Modèle circulaire
Pour Arnaud BARBOTEAU, fondateur d’O.T.A, le style n’est pas non plus incompatible avec un modèle de conception circulaire. Sa marque propose plusieurs modèles de sneakers avec une semelle issue du recyclage de pneus. L’abandon dans la nature ou la combustion de pneus est à l’origine d’une pollution massive de notre écosystème. A travers O.T.A, Arnaud BARBOTEAU relève le défis de la transformation : un pneu recyclé produit 3 paires de sneakers. Ce matériau est d’une grande résistance avec une durée de vie quasiment illimitée. Les semelles des sneakers O.T.A sont donc 20% à 55% moins abrasives que les autres.
Recylcage
O.T.A a également développé une version de ses sneakers en utilisant du cuir recyclé. Pour cela, le fondateur de la marque s’est appuyé sur le savoir-faire de Recyc’Leather, co-fondé par Olivier GRAMMONT. Le cuir est fabriqué à partir de gants de jardinage recyclés. Recyc’Leather fait partie d’une nouvelle génération de sourcings vertueux, qui permet aux entreprises de créer, innover et vendre tout en prônant des valeurs durables.
Comment produire et fabriquer ?
Sourcings vertueux
Mieux produire pour ne pas épuiser les ressources naturelles, tel est le défis de la marque VEJA représentée par Marion BODINEAU, EMEA sales manager (MOD’SPE 2014) lors des Rencontres de la Mode. La marque produit ses matières dans différents pays d’Amérique du Sud. Coton biologique, caoutchouc naturel, polyester recyclé et cuir végan : la stratégie de sourcing se base sur l’exploitation respectueuse des ressources naturelles et humaines. La marque ne fait aucune publicité et n’a ni stock ni investisseur. Sa croissance est programmée et maitrisée afin d’être toujours en adéquation avec le rythme de la planète.
Virginie DUCATILLON, Fondatrice d’Adapta, apporte une solution durable de sourcing textile et cuirs européens. L’entreprise est transparente sur la provenance des matières. Elle sélectionne pointilleusement les fournisseurs afin de proposer à ses clients des cuirs et textiles de haute qualité. Les matières sont issues des stocks dormants des marques de luxe et de leurs fournisseurs.
Comment ne pas détruire ?
Stocks dormants
Les stocks dormants sont également la source d’approvisionnement de Nona Source, une start-up issue d’une initiative d’intrapreneuriat du groupe LVMH. Pour Marie FALGUERA, co-fondatrice, « Quel que soit notre au rôle au sein de la chaine de valeur textile, il y a une action à conduire, qu’on travail dans le design, dans les transports ou dans la logistique. C’est un terrain de jeu passionnant pour les générations à venir. On peut voir aujourd’hui l’émergence de l’écoconception et de l’écodesign, qui est sont une nouvelle approche créative qui induit de se poser des questions en amont de la production concernant de l’impact des ressources utilisées mais également l’intégralité du cycle de vie et de ce que va devenir le produit. »
Ecoconception et circuit local
Céline MOUCHEL, directrice générale des parfums DIVINE, représente la marque de vaporisateurs conçus pour être ressourcés à l’infini. Les packs primaires et secondaires sont produits en Normandie, afin de favoriser un circuit local. L’écoconception est également au cœur des préoccupations de la marque avec pour projet un nouveau vaporisateur beau et durable.
La création au service de la mode écoresponsable
Les métiers d’arts et de passion qui portent le secteur de la mode n’ont pas fini de relever les défis.
Les jeunes générations de créatifs vont pouvoir faire évoluer la mode et la rendre plus éthique et responsable. C’est pour cela que MOD’SPE souhaite sensibiliser les étudiants dès le début de leur cursus à des enjeux prioritaires de la filière tels que l’écoresponsabilité.
Bureaux de style engagés
De nombreuses marques sont encore à convaincre et à accompagner dans cette transition écologique et c’est en parti le rôle de Sebastien VOILLEMIN, responsable du bureau de style CTC et Hélène SARFATI, fondatrice associée du French Bureau.
Les bureaux de style ont un œil aiguisé sur la mode. Ils en détectent les tendances émergentes et les valeurs à porter. Pour CTC, l’enjeu est avant tout de sensibiliser ses clients à réduire l’impact sur l’environnement, à réutiliser les matériaux et à repenser la chaîne de valeur textile. Le French Bureau quant à lui, est la première plateforme française pour tous les acteurs de la mode et du luxe, qui tendent à améliorer et mettre en avant leurs pratiques environnementales et sociales. Deux bureaux de styles innovants, inspirants et motivants pour une mode plus vertueuse et durable. La mode écoresponsable a de beaux jours devant elle.